- La Schadenfreude, c'est bon pour le moral !
Nous autres primates humains avons la capacité de mettre des noms sur des comportements qui nous dérangent, des attitudes plutôt critiquables pour les rendre « socialement correct » et cela fonctionne bien.
Ainsi, vous n’avez pas « un poil dans la main », vous n’êtes pas « paresseux », vous souffrez seulement de procrastination, ce qui est nettement plus chic. Et surtout de statut de « coupable », vous êtes promu « victime » , à ce titre, vous méritez toute l’indulgence des autres primates.
J’ai découvert hier en parcourant un magazine, que désormais le fait de se réjouir du malheur des autres portait un nom d’origine allemande : la Schadenfreude : schaden signifiant "un dommage" (il renvoie au malheur, celui de l’autre ) et freude, signifie la joie (la vôtre). Il faut prononcer « chadenfroillede »
Il est plus facile de reconnaître que nous aussi nous souffrons parfois de Schadenfreude plutôt que d’avouer que nous jalousons les gens heureux et nous nous réjouissons de leurs échecs.
Et le pire c’est que la Schadenfreude est une expérience émotionnelle positive pour notre santé mentale selon le neurobiologiste Dean Mobbs. Le spectacle du malheur des grands de ce monde : Paris Hilton qui se fait » larguer », un patron peu scrupuleux qui se suicide ou encore, une collègue de bureau sans scrupule qui se fait virer… ces dommages qui frappent les autres, auraient un effet chimique bénéfique sur nous. Il doperait nos hormones « du plaisir » au même titre que le rire, le sexe ou certaines drogues.
- La Schadenfreude, une forme de justice sociale primate ?
Ce sentiment serait lié à nos origines primates. Chez les singes, comme chez nous (pendant longtemps) les ressources sont limitées en terme de nourriture. Ce qui conduit à des situations de compétition fortes et donc de violence potentielle. Pour préserver la paix des tribus, les primates ont en commun d’organiser une hiérarchie, c’est elle qui définit la clef de la distribution des ressources. Il existe donc des règles du jeu claires. Le chef se sert en premier puis les membres dominants puis les membres inférieurs. Pour passer d’un statut d’inférieur à dominant… il faut accomplir un parcours du combattant, faire ses preuves, démontrer sa force, son habilité sociale et à communiquer. Qu’un membre de la tribu s’avise de déroger à ses règles, il peut lui en couter cher . Chez les singes moins évolués socialement, comme les macaques, le rebelle peut même être sanctionné par la mort…
Il semble que nous ayons conservé de cette époque de pénurie, ce réflexe profond qui consiste à rejeter tout individu dans la tribu qui transgresse les règles pour son propre profit.
C’est pourquoi nous réagissons avec tant de violence face aux escrocs du type Bernard Madoff et que la joie de voir cet ex homme d’affaire richissime tomber de son piédestal est considérable.
Pas étonnant que la Schadenfreude ait rassemblé autant d’émules au cours des derniers mois. Qui n’a pas ressenti cette émotion à l’écoute des désespoirs des banquiers, brokers, et autres nantis de la tribu « finances » ? Dans une période de crise, de pénurie, nous acceptons encore moins ceux que nous considérons comme des tricheurs : le fait qu’ils aient gagné autant d’argent en si peu de temps, signe leur méfait !
Voilà c’est dit, il n’est pas anormal que nous nous réjouissions du malheur de ces « traitres », pour autant comment expliquer que nous nous réjouissions parfois du malheur de ceux qu ‘on aime (des stars par exemple qu’on va écouter en concert) ou des gens qu’on ne déteste pas vraiment comme une voisine « canon » délaissée par son mari ? C’est une perversion humaine. C’est la même émotion qui est à l’œuvre (Schadenfreude) alors que l’objet n’est plus le même : un membre de la tribu qui n’a pas transgressé les règles.
C’est l’éternel problème de la nature humaine dotée de reflexes qui lui ont permis de se développer avec succès, comme la violence qui est en nous, qui nous permet de nous défendre… mais aussi d’attaquer.
Donc oui à la Schadenfreude mais avec modération…
Mais peut être que même inconsciemment nous intégrons l'expérience de ces autres qui nous donne à penser et sans avoir à panser des plaies et des bosses, cette bosse là nous offre un autre rebond et construire sur les acquis collectifs passe d'abord par l'art de se dire et de divertir, l'humour en toile de fond, en tâche de fond, qui gomme les taches et ce partage où l'on rit de soit même, où l'on se dit, sans fausse honte est une avancée pour tous car c'est dans le faire que l'on s'expose, et que le fer dans la plaie parfois est retournée, mais on y apprend tant sur soit et les autres et pas besoin de surseoir ni de d'asseoir sur les principes pour aborder avec réalisme les rives de la critique constructive celle qui redessine à chaque vague un rivage.
Rédigé par : thierry | 20 février 2010 à 10:05
on se rejouit du malheur des autres, car un autre qui meurt/echoue veut dire de meilleures chances de survie pour nous dans la course à l'obtention d'une ressource par exemple. Disons que nous sommes programmés pour nous réjouir de l'échec de la compétition.
Rédigé par : donovan slater | 01 octobre 2014 à 01:47
@donovan slater il semble qu'on soit en quelque sorte "programmé" pour se réjouir des "fails" d'autrui en même temps il ne faut pas oublier que nous sommes aussi "programmés"pour aider les autres membres de la tribu pour préserver celle ci et donc nous même (l'altruisme, l'empathie... sont présents chez les grands singes)
et surtout "nos programmes" nous permettent d'échapper à nombre d'entre eux !
Rédigé par : marie muzard | 01 octobre 2014 à 07:46