Régulièrement, je vous propose de découvrir une "fiche extraite de notre ouvrage collectif "Du Tac Au Tac " . Ces fiches proposent des pistes de réactions et des techniques d'argumentation dans des moments de notre vie professionnelle, familiale et sociale où l'esprit de répartie est plus que conseillé !
LE CONTEXTE
Vous voulez profiter de votre entretien annuel, pour demander une augmentation. Même si vous êtes en contact avec votre boss tous les jours, théoriquement, vous disposez là d’un temps d’écoute et de parole contractuelle, à condition de savoir en tirer parti !
LA VERSION CAUCHEMARDESQUE
Votre boss sera tenté de vous "endormir" avec des paroles élogieuses , il saura créer un climat de confiance totalement paralysant, dans ce contexte parler argent paraîtra "mesquin".
A moins qu'il ne préfère d’entrée de jeu vous rappeler vos lacunes, histoire de couper court à toute revendication.
Il peut enfin se confier à vous, en énumérant les problèmes de l’entreprise.
S'il ne parvient pas à vous arracher des larmes, il sait que vous n'oserez pas l'accabler davantage en lui réclamant plus d'argent. Cela s'appelle vous culpabiliser responsabiliser !
LES PIEGES À EVITER
- La tête la plus "chassée" :
Inutile de balancer d’entrée, que "vous êtes chassé, convoité par les cabinets de recrutements"...
Cette tactique passe ou casse, soyez donc certain de vos arrières. Et surtout,elle s’use dans le temps, difficile de l’utiliser chaque année !
- La procastination :
Ne pas remettre au lendemain votre requête sous prétexte qu’aujourd’hui, votre patron a mal dormi, que votre dernier dossier n’a pas vraiment fait l’unanimité, et que demain c’est Noël...
C’est ainsi que les années s’écoulent, que votre salaire stagne et que vos collègues progressent.
- Le syndrome Calimero :
"Vous n'avez pas été augmenté depuis 3 ans, mais le loyer, lui, a progressé et les enfants ont grandi. La vie est dure pour vous, votre conjoint est au chômage".
Ne vous attendez pas à ce que votre boss sorte sa boîte de kleenex, vous n’obtiendrez que des paroles vaguement compatissantes et sur le moment seulement, car l’argument des sentiments ne fonctionne pas dans la durée. Sitôt que vous aurez passé la porte, il aura oublié vos rancœurs. Vous passerez pour un faible qui ne mérite donc pas d'être promu.
COMMENT S'EN SORTIR ?
La tactique consiste à jouer les naïfs, celui qui ne connaît pas sa valeur, voire qui en doute, tout en faisant en sorte que votre patron réalise que vous êtes en situation de force.
- Le surprendre en le valorisant (tactique du cirage de pompe)
Créer un climat sympathique :
"je suis heureux que vous m'ayez confié telle responsabilité ou que le
climat du bureau soit devenu plus chaleureux, ou bien que les nouveaux
locaux soient bien mieux" ..."
- Dressez un bilan du projet qu’on vous a confié
Citez des chiffres, faites rêver votre chef en vous projetant dans l’avenir :
« si tout réussit on peut imaginer tel résultat... »
- Attaquer le problème en soulignant votre démotivation
"Le paradoxe c’est que je devrais être très motivé, mais quelque chose ne fonctionne pas qui me conduit à me poser des questions...
Je n’ai pas le sentiment que la Direction soit convaincue de ce projet, qu’elle mesure le travail accompli, il n’y a pas de signe concret de reconnaissance, dans une entreprise cela passe notamment par la rémunération, or la mienne n’a pas bougé depuis 3 ans, qu’est-ce que cela signifie ?
Si le contexte du marché de l'emploi est dynamique, vous pouvez ajouter que : "j'ai eu une proposition, je préfère être franc, mais je ne l'ai pas même examinée, car je suis confiant dans l’entreprise, pour trouver une solution au problème".
- Résultat espéré :
• Au mieux, vous obtenez votre augmentation immédiatement.
• Moins bien, votre patron multiplie les éloges, mais à un moment donné, il faudra qu’il passe aux actes concrets, s’il ne veut pas vous perdre...
• Au pire, vous n'obtenez rien, parce que votre boss n'a pas le pouvoir. Mais au moins vous êtes fixé. Ne perdez pas votre temps. Vous savez ce qu'il vous reste à faire.
ATTITUDE, COMPORTEMENT
Adoptez l’attitude de la soumission partielle, celle du subordonné dominant (par opposition aux subordonnés inférieurs).
Manifestez un certain abattement : peu de gestes par manque d’énergie, voix faible, mais regard soutenu au patron quand vous lui parlez.
Pas de regard en coin, pas d’épaule ronde ou de tête baissée ... qui sont autant de marques de soumissions totales. Sinon vous ne seriez pas respecté, on comprendrait que vous n’êtes pas prêt de quitter l'entreprise, et vous ne le serez jamais, et que vous allez continuer sagement à mener à bien votre mission.
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